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départ des Acadiens, l’autre à s’y opposer. Nous ne nous occupons que du point de droit, et nous disons que dans le règlement de cette question, les deux nations devaient borner leurs efforts à une légitime persuasion sur l’esprit de ceux qui étaient en cause, et que, tandis que la France resta en effet dans ces justes limites, l’Angleterre employa, pour arriver à ses fins, tous les moyens que la ruse et la force brutale purent lui suggérer.

En fait, l’idée du départ fut, ou paraît avoir été spontanée, de la part des Acadiens. Il n’y avait que quelques mois que Port-Royal était au pouvoir des Anglais, lorsque les habitants, s’adressant au gouverneur du Canada, M. de Vaudreuil[1], lui représentèrent que Vetch « les traitait

  1. Philippe de Rigaud, marquis de Vaudreuil, 1er gouverneur de ce nom, est le premier de cette famille qui passa en Canada. Il était fils de Jean-Louis de Rigaud et de Dame Marie de Château-Verdun. Après la mort de son père, arrivée en 1659, M. de Vaudreuil entra dans la première Cie des Mousquetaires du Roi où il servit jusqu’en 1676. En 1687, ayant été nommé commandant du détachement des troupes de la Marine, entretenues par le Roi en Canada, il vint avec cette recrue dans la Nouvelle-France. En 1698, de Frontenac étant venu à mourir et de Callières lui ayant succédé comme gouverneur-général, Vaudreuil fut choisi pour remplacer ce dernier, comme gouverneur de Montréal. Le 1er août 1703, Vaudreuil fut appelé à succéder à M. de Callières, décédé sur ces entrefaites. Le 24 novembre 1710, le Roi lui conféra le titre honorifique de Rével, en Languedoc, pour commémorer le désastre de la flotte de Walker et l’échec de l’entreprise sur Québec d’un côté, par le fleuve, sur Montréal de l’autre par Albany et le lac Champlain. Deux ans après, le bruit d’une nouvelle attaque s’étant répandu, M. de Vaudreuil, après avoir rétabli le fort de Makilimakinae, et s’être assuré des dispositions des Sauvages, s’empressa de fortifier Québec. Le calme s’étant rétabli, le gouverneur en profita pour encourager l’agriculture et le commerce, qui prirent alors de grands développements ; il fonda aussi plusieurs écoles ; partagea le pays en 82 paroisses, 42 sur la rive gauche du St-Laurent et 40 sur la rive droite ; fit entourer Montréal d’un mur de pierres, avec bastions. Enfin, en 1721, il ordonna un recensement général de toute la population, qui se trouva être de vingt-cinq mille âmes, dont sept mille à Québec, et trois mille à Montréal. L’Hôtel-Dieu de Villemarie étant