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cachet originel, lui laisser pour ainsi dire sa marque de fabrique, l’empreinte personnelle que l’auteur y avait mise. Souvent il nous est arrivé de nous dire, à part nous, qu’un travail de première main est infiniment moins ardu que la refonte d’un écrit dû à un autre. Dans ce cas-ci, en effet, l’imagination est continuellement empêchée dans son élan, l’esprit n’a pas la liberté d’allure : pour le fond et pour la forme, l’on reste dans une sorte de dépendance étroite à l’égard de l’œuvre à refaire, craignant toujours de n’en pas respecter assez le caractère primitif, et de briser les entraves que forcément elle impose.

Pour ce qui est des autres défauts de ce manuscrit, et qui viennent encore de l’espèce de hâte avec laquelle l’auteur a projeté sa pensée au dehors, c’eût été par trop changer la nature de cet ouvrage que d’y remédier complètement ; et nous avons dû les laisser subsister, en général. Ainsi, il y a d’inutiles redites, des insistances qui alourdissent la marche du récit, des déséquilibres de composition : par exemple, tel chapitre sera d’une longueur démesurée, et tel autre tiendra dans des bornes trop étroites. Également, la liaison des matières est loin d’être toujours rigoureuse ; les transitions ne s’accomplissent pas avec tout l’art exigé par les règles classiques ; il y a des sauts, des heurts ; c’est souvent sans préparation que l’on passe d’une chose à une autre. Ou, quand l’on croyait que c’en était fini de tel développement, ou qu’une idée, un point de vue, avait été épuisé, l’auteur y revient, le reprend, le ressasse, et ne s’aperçoit pas qu’il tombe dans des répétitions fâcheuses, que ce côté de la