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d’une plus grande valeur et d’un plus grand service que cinq cents hommes nouvellement arrivés d’Europe. Il faut en dire autant de leur habileté à la pêche et à la culture du sol. Ce qui fait que, advenant leur départ d’ici et leur établissement au Cap Breton, cette île deviendrait, du jour au lendemain, la colonie la plus florissante que les Français auraient en Amérique, et constituerait un danger permanent pour les postes britanniques et pour le commerce anglais, en général[1]… »

En résumé, la question du départ des Acadiens compromettant gravement les intérêts anglais en Nouvelle Écosse — ce que nous connaissons de la nature humaine et des enseignements de l’histoire, en particulier de l’histoire acadienne, nous permettrait difficilement de douter que les Anglais ne se soient opposés de toutes leurs forces à cet exode, qui leur eut été si funeste. Quand même nous n’aurions pas de preuves directes de leur opposition, elle était trop selon l’ordre ordinaire des choses pour ne pas croire qu’elle ait éclaté. Mais une masse de documents officiels confirme, sans contradiction possible, notre présomption et vient la transformer en une certitude de premier ordre, dorénavant sortie du domaine de la discussion pour entrer dans celui de l’immuable vérité historique. Tant pis pour le compilateur Thomas B. Akins, et pour ceux qui, à l’exemple de Parkman, ont accepté ses assertions sans les contrôler et sans les confronter avec les sources originales d’informations !

  1. N. S. Archives, édit. par Akins, p. 6. — Cf. Casgrain, Pèlerinage, etc. p. 52