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colonie nouvelle, en même temps qu’il entraînerait la ruine de la Nouvelle-Écosse, à moins que des colons anglais ne vinssent les remplacer, ce qui prendrait plusieurs années. Il est donc tout à fait à l’avantage de la Couronne que les Acadiens restent dans cette province avec tous leurs troupeaux [1]… »

Le Major Caulfield au Col. Vetch.


« Annapolis Royale, le 2 novembre 1715.


« Monsieur,

« L’arrivée du transport chargé de provisions m’a procuré le plaisir de recevoir votre lettre. Je ne ressens que trop l’inconcevable malice de Nicholson. Si ses desseins eussent été exécutés, je suis persuadé qu’il ne resterait plus un seul habitant dans tout le pays, et pas même de garnison. Je me rappelle en effet son étrange déclaration aux Acadiens et ensuite aux soldats : ne dit-il pas à ces derniers que les Français étaient tous des rebelles et qu’ils méritaient qu’on allât leur couper la gorge dans leurs propres maisons ? Ne nous fit-il pas défense expresse d’avoir avec eux aucune espèce de rapports ? Ne nous obligeât-il pas à garder fermées les portes de la garnison ? Et cependant il n’était pas sans se rendre compte que nous ne pourrions pas subsister pendant l’hiver qui approchait sans l’aide des habitants, qu’il n’y avait pas pour nous d’autre moyen de vivre qu’en nous adressant à eux… Si l’on dressait un bilan exact de toute son administration, il serait bien difficile

  1. P. R. O. Col. Rec. N. S. vol 2. — Doc. sur l’A., p. XX.