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Acadiens, si l’on ne se hâtait pas de l’empêcher. Et c’est ainsi que les questions, soi-disant référées à l’autorité royale par Nicholson, ne furent jamais résolues ni dans un sens ni dans un autre ; pendant longtemps on tint les Acadiens sous l’impression que ces questions étaient toujours à l’étude, quand il était parfaitement entendu que l’on mettait tous les obstacles possibles à leur départ. Pleins de naïve confiance, persuadés que la justice fait le droit, que les traités étaient choses sacrées, que l’honneur est la force et l’appui des gouvernements, les Acadiens attendirent, mais en vain, une réponse qu’on leur disait être sous considération. Ils étaient si certains d’avoir gain de cause et de pouvoir quitter le pays dans le cours de l’été suivant (1715), que, le printemps venu, un grand nombre n’ensemencèrent même pas leurs terres.

M. de Costebelle, dans une lettre au Ministre, à la date du 9 septembre 1715, marque « qu’on l’a assuré que les habitants françois des Mines n’ont point ensemencé leurs terres en 1715, qu’ils avaient des grains pour vivre deux ans, et qu’ils restaient disposés à une entière évacuation lorsqu’ils auraient des bâtiments pour les transporter à l’Isle-Royale avec leurs familles et leurs effets[1] ».

Et voici d’autres documents provenant de la même source :

« Le Père Dominique (de la Marche) lui a présenté (à M. de Costebelle) un mémoire par lequel il paraît que les peuples de l’Acadie étaient déterminés à tout abandonner pour sortir de la domination des Anglois ; que la plupart même n’avoient pas voulu ensemencer leurs terres dans

  1. Conseil de Marine, 28 mars 1716. Cité par Casgrain.