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certainement des pièces déterminant d’une manière précise l’attitude des gouverneurs aussi bien que celle des Acadiens relativement à la clause du traité qui laissait à ces derniers la liberté de quitter le pays. Comme on se le rappelle, les Acadiens avaient l’espace d’un an pour s’en aller avec leurs effets, leurs bestiaux et le produit de la vente de leurs immeubles. Or, nous savons, par la suite des événements, qu’un bien petit nombre d’entre eux profitèrent alors de cette permission. S’ils restèrent, fut-ce volontairement ? Ne furent-ils pas au contraire empêchés de partir ? Rien dans le volume de Akins n’offrait de solution à cette question. Pour nous éclairer sur ce point, nous avons dû recourir ailleurs ; et, comme nous le montrerons, ce qui découle de nos recherches est d’une importance capitale et réduit à néant les prétentions du compilateur. En omettant tous les documents se rapportant à la période comprise entre 1710 et la fin de 1714, Akins a induit en erreur presque tous les écrivains qui se sont occupés de l’histoire de la Nouvelle-Écosse. L’on commence où il commence ; l’on finit où il finit ; l’on omet ce qu’il a omis, sans se douter qu’il y a, par delà son livre, un vaste champ inexploré d’où surgissent des pièces accablantes pour le nom anglais. Le compilateur s’est bien gardé de faire entrer ces pièces dans sa collection : il les trouvait trop compromettantes. S’il a cru cependant les enfouir à jamais dans l’oubli, s’il a espéré qu’il ne se rencontrerait pas d’homme assez courageux pour les exhumer et pour les produire à la grande lumière de l’histoire, il s’est trompé. Assez longtemps l’ombre a plané sur des scènes douloureuses pour nos pères ; assez longtemps la calomnie s’est attachée à leur mémoire ; assez longtemps, grâce à Akins, le drame palpitant qui s’est déroulé en Acadie a été tronqué de son premier acte, sans lequel il est impossible de