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donc impossible de prétendre que Port-Royal n’appartînt pas à l’Acadie proprement dite, puisqu’il en était comme le cœur. Et c’est justement parce que l’idée contraire ne pouvait venir à l’esprit de personne qu’on ne s’explique pas la présence de ces mots-là dans un traité qui cédait toute l’Acadie. L’insertion de cette note inintelligible fut la source de conflits qui devaient se résoudre, cinquante ans plus tard, par la force des armes, en laissant supposer raisonnablement que l’Acadie ou Nouvelle-Écosse pouvait s’entendre tout au plus de la péninsule[1].

L’article 14 du traité d’Utrecht pourvoyait en ces termes à la situation des Acadiens : « Il est expressément convenu que dans toutes les dites places et colonies qui doivent être cédées et remises par le Roi Très Chrétien en conséquence de ce traité, les sujets du Roi auront la liberté de se retirer ailleurs, dans l’espace d’un an, avec tous leurs effets mobiliers… Que ceux néanmoins qui voudront y demeurer et rester sous la domination de la Grande-Bretagne, devront jouir du libre exercice de leur religion conformément à

  1. « Parmi ces clauses, (du traité d’Utrecht,) il s’en trouvait une qui avait été formulée avec l’indifférence ordinaire qui présidait aux stipulations ; elle était particulièrement destinée à fournir le moyen de recommencer la querelle entre les deux puissances contractantes. À peine le traité d’Utrecht eut-il été publié qu’on se demanda ce qu’il fallait entendre par la Nouvelle-Écosse ou Acadie ; jamais on ne s’était donné la peine de définir clairement les limites de ce pays. » Ferland, loc. cit. vol. II, c. 26, p. 390.

    « L’article 10 du traité d’Utrecht portait que des commissaires seraient nommés pour le règlement des limites entre les colonies anglaises et françaises ; mais on négligea d’abord cette question importante qui fut plus tard l’objet de négociations si longues et si infructueuses. L’Angleterre s’établit tant bien que mal dans la presqu’île acadienne… »

    Hist. de l’Acadie Française, de 1598 à 1755, par M. Moreau, ch. XXII, p.315. Paris, chez Léon Tèchener, Rue de l’Arbre-Sec, 52. — 1873

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