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hommes qu’il confia à l’habile Saint-Castin. Annapolis fut investi, et l’on n’attendait plus, pour donner l’assaut au Fort, que l’arrivée des canons et des munitions que l’abbé Gaulin avait été demander à Plaisance, (Terreneuve). Mais ces secours ne venant pas, et la garnison ayant reçu de son côté du renfort, le projet d’attaquer le Fort fut abandonné, et l’on dut se disperser[1].

    corresp. générale, année 1718, v. 3, F. 179. C’est une longue délibération du conseil de Régence concernant des réclamations à lui envoyées par l’abbé Gaulin. En voici des extraits qui se rapportent aux faits exposés à cet endroit de notre texte : “Le Sr Gaulin, prêtre du séminaire des Missions étrangères, missionnaire des sauvages de l’isle Royalle et côte de l’Acadie, Représente que… depuis la prise du fort Royalle ils (ses sauvages) ont continué à molester les anglois empêchant les habitans de leur fournir aucuns secours pour racomoder leur fort, et enfin n’étant que 42 leur tuèrent et firent prisonniers plus de 100 hommes de la garnison et plusieurs des principaux officiers, et auraient même repris le fort s’ils n’avaient pas manqué de munitions n’ayant que celles que le dit Gaulin leur fournissait. Le feu roi a parlé souvent avec éloge de cette action et a témoigné être content des services du dit sieur Gaulin qui passe sous silence tous les voyages qu’il a été obligé de faire à ses dépens tant à Plaisance pour demander du secours pour reprendre l’Acadie que dans toute l’étendue de cette colonie pour engager les françois et les sauvages à se délivrer de la domination anglaise… »

    Toute cette délibération est extrêmement favorable à l’abbé Gaulin qui y est appelé « brave homme ». Le conseil de Régence, avec l’approbation de S. A. R., décida de rembourser à l’abbé Gaulin les dépenses qu’il avait faites dans ses missions, etc.

  1. « Le 4e d’août 1711, M. de Vaudreuil reçut une lettre du P. Félix, Récollet, missionnaire en Acadie, qui mandoit que 40 sauvages, envoyés par le Baron de Saint-Castin, pour faire une irruption du côté de Port-Royal, après avoir défait un parti d’Anglois beaucoup plus nombreux, s’étaient joints à plusieurs François, avaient investi le Fort, où les principaux officiers et la plus grande partie de la garnison étaient morts pendant l’hyver, et qu’ils demandoient un prompt secours. Sur cet avis, le marquis d’Alogniés, commandant des troupes, fut nommé pour marcher en diligence de ce côté-là : le gouverneur général lui donna 12 officiers des plus braves et des plus expérimentés, et deux cents hommes choisis : tout cela fut prêt en deux jours ; mais dans le moment que ce secours allait se mettre en marche, des nouvelles que l’on reçut de