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mais les circonstances mêmes nous portent à croire qu’un serment fut imposé aux Acadiens, par mesure de prudence. N’oublions pas que d’après le commentaire même de Nicholson, tout ce qui était en dehors de ce rayon de trois milles, demeurait territoire français. Il est important de se rappeler également que la guerre entre les deux nations se continua pendant près de trois ans, jusqu’au traité d’Utrecht. L’intelligence claire de ces données est nécessaire pour bien comprendre les faits qui ont suivi et pour éviter la confusion dans laquelle sont tombés bon nombre d’historiens[1].

Après le départ de la garnison française, Nicholson se rembarqua avec ses troupes, laissant dans le Fort, comme lieutenant-gouverneur, le colonel Vetch, avec environ 450 soldats. De Boston, où il arriva le 26 octobre, Nicholson se rendit à Londres où il réussit à organiser une expédition pour la conquête du Canada par terre et par mer : lui-même eut le commandement des forces qui devaient opérer sur Montréal par le lac Champlain, tandis qu’une flotte puissante, sous les ordres de l’amiral Hovenden Walker, irait s’emparer de Québec. Mais les vaisseaux anglais ayant essuyé de grands revers dans le golfe St-Laurent, à la hauteur de l’Île-aux-Œufs, l’expédition fut abandonnée[2].

  1. Entre autres Haliburton. Vol. I, p. 88 : « Col. Vetch immediately dispatched Col. Livingston to Canada to inform the Governor-General that Acadia had fallen into the hands of the English ; that the inhabitants thereof were prisoners at discretion (except those within gun-shot of Port-Royal)… — Comment Vetch a-t-il pu affirmer une pareille chose, en contradiction si formelle avec l’interprétation que Nicholson lui-même avait donnée de l’art. 5 du traité de capitulation ?
  2. La flotte de l’amiral Walker, composée de 88 bâtiments de guerre et de transport, fit voile pour Québec, de Boston, le 30 juillet 1711. Nicholson s’ébranla de son côté et s’avança avec 2 300 miliciens et Iroquois pour l’attaque