Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome I, 1916.djvu/118

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[ 86 ]

que s’ils restaient en Hollande, disaient-ils, leur postérité, après quelques générations, deviendrait hollandaise et perdrait tout intérêt dans la langue et la nationalité anglaises ». Ce n’était donc ni la richesse, ni les plaisirs, ni les satisfactions de la vanité ou de l’ambition que cherchaient ces « pèlerins de Dieu et de la liberté ». De tout autres motifs les guidaient vers une nouvelle « terre promise ». Ils trouvèrent ici cependant, non pas seulement ce qu’ils désiraient, mais encore tous les biens que peuvent procurer la frugalité, l’ordre, l’esprit d’économie, l’intelligence. En somme, cette émigration puritaine, à laquelle l’Angleterre s’était tant opposée, fut la plus fructueuse de toutes pour les intérêts anglais[1]

Il n’en fut pas de même de la colonie de la Virginie : on y emmena d’abord des familles choisies avec soin ; mais bientôt l’immigration se recruta parmi une population inter-

  1. V. Rameau, loc. cit. p. 285 : « Les Puritains furent conduits dans la N.-A. par les mobiles les plus élevés… ils possédaient une moralité supérieure, etc. »

    Le nombre des « Pèlerins » qui débarquèrent dans la baie de Plymoutli ne dépassait pas 102, et sur ce nombre, d’après les documents les plus dignes de foi, déjà au mois de mars suivant, 44 avaient succombé au froid et aux privations. On leur attribue généralement une influence plus grande que celle qu’ils ont réellement exercée sur les destinées de la Nouvelle-Angleterre ; mais les circonstances qui ont accompagné le départ et l’arrivée du Mayflower, les engagements solennels par lesquels les « Pèlerins » se sont liés « en présence de Dieu » donnent à la première page de l’histoire des colonies anglaises dans l’Est de l’Amérique, un cachet romanesque qui lui manquerait autrement. Un petit groupe d’une centaine d’individus, égaux entre eux, sans chef reconnu, sans autre richesse que leur énergie et leur foi en la Providence, allant à mille lieues de la mère-patrie jeter les fondements d’un État, ce fait sans doute est unique dans les annales de l’humanité.</> De Nevers, loc. cit. T. I, p. 63. — V. aussi, pp. 65 et sq., un « Portrait », dessiné de main de maître, du caractère puritain. — Nous avons cité ce portrait si achevé dans notre étude sur Edmond de Nevers. Voir nos Essais et Conférences, p. 214.