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L’Angleterre n’a cependant pas procédé d’une manière bien supérieure à la France dans l’administration de ses colonies. Comme celle-ci, elle octroya à des particuliers des chartes ridicules qui leur permettaient de confisquer à leur profit de vastes domaines : et ces chartes, d’une teneur imprécise, s’annulaient souvent l’une l’autre ; on les accordait ou les retirait selon le caprice du moment. Et pour ce qui est de la qualité des émigrants, l’Angleterre fut loin de se montrer aussi difficile que sa rivale : celle-ci a mis parfois trop de rigueur dans son choix, mais l’autre pas assez[1]. Nous faisons toutefois exception pour les Puritains, qui, après avoir quitté l’Angleterre pour se réfugier en Hollande, passèrent de là en Amérique[2]. Les Puritains étaient animés par des motifs élevés et avaient une grande pureté de mœurs. S’ils demandèrent et finalement obtinrent la permission de venir s’établir dans le Nouveau-Monde, ce fut non pas seulement pour échapper à la persécution religieuse et pour trouver un asile où ils pussent vivre en conformité avec leurs convictions — car à ce point de vue la Hollande eut pu leur suffire — ; mais ayant entendu parler des établissements d’Amérique, ils décidèrent de s’y rendre, « attendu

  1. Les historiens sont unanimes à dire que la France a tenu à honneur de n’envoyer au Canada et en Acadie que des colons fort respectables. Cette affirmation, qui repose sur d’incontestables documents, est très précieuse et très consolante pour nous. L’on ne saurait donner trop de relief à cette vérité que nos ancêtres furent des hommes d’honneur et que la source de laquelle nous descendons était d’une grande limpidité. Nous devons des actions de grâces à notre ancienne mère-patrie pour avoir veillé avec tant de sollicitude sur les origines de notre race. « C’est qu’ils étaient (les premiers colons canadiens) d’excellente race. » M. Barrès. Préface à l’ouv. du Prince de Beauvau-Craon, sur La Survivance française au Canada. Paris. Émile-Paul, 1914, p. V-VI.
  2. C’est en 1608 que ces dissidents émigrèrent en Hollande où ils vécurent à Amsterdam et à Leyde. Ils vinrent en Amérique en 1620.