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tat imprévu et presque inespéré. Le manuscrit d’Acadie, tout entier de la main de l’auteur, vierge de toute correction et annotation, était dans l’ouest canadien, à Battleford, chez M. Émile Richard, chez qui Édouard Richard résidait, au moment de son décès. C’est de ces lointaines régions qu’il nous fut expédié, et que nous l’avons reçu, en parfait état, un beau matin de l’automne de l’an mil neuf cent treize.

L’on se figurera aisément le genre d’émotion que je ressentis en ouvrant le colis, en parcourant du regard ces nombreux cahiers, en feuilletant ces pages, déjà jaunies par le temps, et dont l’écriture, rapide et cursive, nous mettait en contact avec la pensée, avec l’âme de l’auteur.

Jules Lemaître a dit, de façon exquise, en connaisseur et en poète, le charme qui émane des « vieux livres : »

« Celui qui s’attache aux vieux livres sauve et conserve du passé, et du passé choisi ; il conserve ce qui fut, par la lettre imprimée, l’expression première et directe de l’esprit… C’est comme si l’aspect et le toucher du vieux livre nous inclinait à l’état d’esprit des ancêtres… Les caractères imprimés sur ce papier jauni sont les premiers — les premiers ! — qui aient traduit aux yeux tel chef-d’œuvre du génie humain… j’en tiens dans mes mains la première expression matérielle, publique et durable. J’assiste, pour