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deux cent quatre-vingt-dix-huit vaisseaux chargés d’immigrants avaient déjà jeté l’ancre dans le port de Boston[1]

L’Acadie offrait trop peu de sécurité pour que des colons vinssent d’eux-mêmes la peupler en foule. Il appartenait donc à la mère-patrie de se mettre à la tête d’un mouvement d’émigration régulier qui eût assuré à cette lointaine province la force du nombre et lui eût permis de se défendre elle-même et d’exploiter sans crainte les ressources que la nature lui offrait. Les choses se passèrent tout autrement. Le pouvoir ne s’occupa jamais sérieusement de cette question vitale : ah ! qu’il y avait loin de cette apathie aux sages

  1. Qu’il nous soit permis de contrôler et de rectifier ces données d’après des statistiques dont la précision et l’exactitude ne souffrent pas de doute : La Compagnie de la Virginie, qui succédait à la Compagnie de Londres, fut incorporée en 1608. En 1610, Thomas Dale débarqua sur les bords de la James River, avec 300 individus qu’il avait ramassés dans les bas-fonds de Londres. En 1611, 300 autres colons arrivèrent avec John Gates. En 1614, la colonie reçut plus de 1,200 personnes. En 1624, lorsque la charte de la compagnie fut abolie par l’autorité royale, la population de la Virginie n’était que d’environ 3,000 âmes ; quatorze ans plus tard, en 1638, elle s’élevait à plus de 7,000. En 1665, la population totale de la Virginie était d’environ 35,000 âmes… jusqu’en 1654, le mouvement de la population a été irrégulier et sujet à beaucoup de fluctuations : à partir de cette date jusqu’à la guerre de l’Indépendance, la Virginie a doublé le nombre de ses habitants tous les vingt-sept ans… Plusieurs milliers d’Écossais s’étaient établis en Virginie après la révolution de 1715… Le nombre des pèlerins du Mayflower qui débarquèrent dans la baie de Plymouth, le 20 novembre 1620, ne dépassait pas 102. En 1628, deux cents émigrants anglo-saxons, sous la conduite de Endicott, s’établirent à Salem ; deux cents autres se joignirent à ceux-ci l’année suivante. En 1630, John Winthrop, avec 900 colons, jeta les fondements du Massachusetts… En 1635, les colonies de l’Est comptaient 21,200 habitants, elles en comptaient 32,000 en 1643. À partir de cette date, l’immigration de la Grande Bretagne fut fort peu nombreuse… Les provinces se peuplèrent par le seul développement naturel de la population primitive venue d’Angleterre et que les historiens évaluent généralement à 20,000 âmes.

    Cf. Edmond de Nevers. L’Âme américaine. Tome I. — Première Partie, passim. (Paris. Jouve et Boyer. 1900) L’on sait que cet ouvrage, pour la sûreté de sa documentation, puisée aux sources, est absolument digne de foi.