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mêmes scènes. Des pères s’informaient de leurs femmes restées sur le rivage où étaient leurs fils, des frères où étaient leurs frères qui venaient d’être conduits dans les navires ; et ils suppliaient les officiers de les réunir. Pour toute réponse, les soldats pointaient leurs baïonnettes et les poussaient dans les chaloupes. »


Deux jours avant ce premier embarquement, Murray écrivait à Winslow :


« Fort Édouard, 8 septembre 1755.

« Cher Monsieur,

« J’ai reçu votre lettre, et je suis des plus charmés d’apprendre que tout va si bien à la Grand-Prée, et que les pauvres diables sont si résignés. Ici, ils montrent plus de patience que je n’aurais pu en attendre de personnes se trouvant dans de telles conditions ; et ce qui me surprend encore davantage, c’est de voir l’indifférence des femmes qui sont réellement ou qui semblent être assez insouciantes à tout ce qui se passe. Quand je pense à ceux d’Annapolis, je m’applaudis de les avoir sommés de venir au rendez-vous. Je crains qu’il n’y ait des pertes de vie avant que nous n’ayons pu les rassembler tous ; vous savez que nos soldats les haïssent, et que s’ils peuvent trouver un prétexte pour les tuer, ils le feront…

« Je suis extrêmement heureux d’apprendre que votre camp est en sûreté et peut servir, (comme dit le Français,) de bonne prison pour les habitants. J’ai hâte de voir ces pauvres misérables embarqués et notre tâche terminée :