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« Les prisonniers furent amenés devant la garnison, et mis en lignes, six hommes de front. Alors les officiers firent sortir des rangs tous les hommes non mariés, au nombre de cent quarante et un, et, après les avoir mis par ordre, ils les firent envelopper par quatre-vingts soldats détachés de la garnison sous le commandement du capitaine Adams. Jusqu’à ce moment tous ces malheureux s’étaient soumis sans résistance ; mais quand on voulut leur ordonner de

    Boston et de commencer par les jeunes gens. Le capitaine Adams du Warren, vaisseau de guerre au service de Sa Majesté, fut chargé de prendre les transports sous son commandement et une fois les prisonniers rendus à bord, de donner aux capitaines des vaisseaux les ordres nécessaires pour la protection du service de Sa Majesté. Il fut décidé de confier la garde de chaque vaisseau à six sous-officiers ou soldats. Ensuite le capitaine Adams et les capitaines des vaisseaux reçurent ordre de tout préparer pour l’embarquement des captifs. Je fis venir le père Landry (François Landry, né en 1692, fils d’Antoine Landry et de Mario Thibodeau, épousa à la Grand-Prée le 27 mai 1711, Marie Joseph Doucet et eut une famille nombreuse. Ils furent déportés à la baie du Massachusetts en 1755, et revinrent à St-Jacques L’Achigan à l’automne de 1766, où le père mourut et fut enterré à L’Assomption le 21 avril 1767,) leur meilleur interprète et celui d’entre eux qui parlait le mieux l’anglais. Je lui dis que nous allions commencer l’embarquement d’une partie des habitants, que nous avions décidé d’en embarquer 250 le jour même et que nous commencerions par les jeunes gens. Je le chargeai d’avertir ses compagnons de cette décision qui l’a beaucoup surpris. Je lui dis qu’il fallait que la chose se fasse, que je donnerais ordre de mettre tous les prisonniers en lignes de six hommes de front, avec les jeunes gens à gauche, et que la marée ne me permettait pas de leur accorder plus d’une heure pour se préparer. Toute la garnison fut appelée sous les armes et placée derrière le presbytère entre l’église et les deux portes de l’enceinte palissadée. Selon mes ordres tous les habitants français furent rassemblés, les jeunes gens placés à gauche. Ensuite j’ordonnai au capitaine Adams, aidé d’un lieutenant et de 80 sous-officiers et soldats, de faire sortir des rangs, 141 jeunes gens et de les escorter jusqu’aux transports. J’ordonnai aux prisonniers de marcher. Tous répondirent qu’ils ne partiraient pas sans leurs pères. Je leur répondis que c’était une parole que je ne comprenais pas, car l’ordre du roi était pour moi absolu et devait être exécuté impérieusement ; que je n’aimais pas les mesures de rigueur et que le temps n’admettait pas de pourparlers ou de délais. J’ordonnai à toutes les troupes de mettre la baïonnette ru canon et de