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au risque de les perdre tous les deux, — ce qui s’est déjà vu comme fruit d’un pareil procédé. Cependant ceci ne saurait guère s’appliquer à Campbell, qui, malgré tout le mal qu’il s’est donné pour grossir les fautes des Acadiens et atténuer celles de Lawrence et de ses complices, condamne finalement la déportation dans les termes suivants : « La déportation des Acadiens, dans la manière dont elle a été exécutée, fut une inique sottise, (blunder,) et il est beaucoup plus loyal, (manly,) de le reconnaître que de tenter vainement de pallier ou d’excuser une conduite qui, examinée froidement à la lumière de ses conséquences, révolte les instincts moraux de l’humanité[1]. « Il nous répugnerait également de l’appliquer à Hannay, qui, malgré ses conclusions injustifiables, nous fournit souvent des preuves d’impartialité. Quant à Parkman, la chose est bien différente.

Lorsque le révérend Andrew Brown collectionnait à Halifax, en 1787, des documents pour l’histoire qu’il se proposait de publier, il ne semble pas que la soustraction des pièces concernant la période de la déportation fût complète. Lui, qui avait eu le rare avantage de causer avec les auteurs et les témoins de ce drame ; lui qui avait pu sonder et palper la fraude gigantesque qui en était à la base ; lui qui ne cherchait que la vérité, et d’honnêtes excuses, s’il s’en trouvait, comprit tout de suite l’importance de cette dépêche du Secrétaire d’État (en date du 13 août). Son patriotisme avait été rudement secoué, son cœur, il est aisé de le voir, avait saigné sous l’humiliation infligée à l’honneur de son pays ; ses sentiments avaient été bouleversés au

  1. Campbell.