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temps sur les costes pour assurer nos convois et couvrir le départ des habitans s’il faut se retirer. Mais, dans ce cas il faudroit convenir d’un signal pour la reconnoître. (a).

On ne veut plus souffrir d’Accadiens dans ces contrées, ou nous menaça surtout des Montagnards d’Écosse et on attend quinze cents pour l’Accadie et des Sauvages anglois de ces derniers on n’a qu’une disaine actuellement à Beauséjour.

Les Anglois entendent fort indifféremment parler des Accadiens qui se sauveront cet automne chez les françois et affectent même de n’en rien dire.

On dit que nos gens se plaisent à la Caroline (ce que j’ai de la peine à croire) qu’on se trouve bien d’eux, qu’on a fait une quête pour eux dans la colonie, qu’on leur a fourny des planches et des cloux pour se loger et marqué des habitations qu’on leur a cependant limité un certain district d’où ils ne peuvent sortir sous peine d’estre tués par le premier sauvage ou anglois qui les rencontreroient hords les bornes assignées.

On dit que la maladie s’est mis dans un des Bâtimens chargé de nos Accadiens et qu’il en est mort une quantité considérable.

Au départ de Pierre Suret on paroissoit ignorer à Beauséjour l’aventure des deux Bâtimens que nous avons pris vers la Rivière Saint Jean et les derniers avantages que nous ont procuré les sauvages dans les païs d’en haut.

On soupçonne qu’un autre Bâtiment chargé d’habitans du Port Royal s’est encore sauvé ; on a eu le même soupçon sur un Bâtiment chargé de familles du haut de la Baye.

Monsieur Scot a avoué à Suret que quand on a enfermé les habitans dans les forts qu’on vouloit essayer avant toutes choses de les faire signer purement et simplement pour l’Anglois et qu’on ne s’est entièrement déterminé à les emmener que quand on a vu clairement que l’habitant n’y vouloit rien entendre.

L’habitant pensoit sagement que dans le cas de la signature l’Anglois auroit un plus beau champ pour les emmener et en disposer à sa fantaisie sans que la france pût jamais rappeler de rien en leur faveur.

Monsieur Scot se promet beaux et merveilles à son ordinaire. Il dit que sans un coup du Ciel les Anglois vont conquérir incessamment le reste de l’Amérique Septentrionale, qu’ils ont trente-six vaisseaux de Ligne (il hiverne des vaisseaux à Chibouctou) deux gros mortiers avec quarante mille hommes pour servir dans ces colonies par terre et par mer l’été prochain, que tels sont les ordres de leurs Généraux.

Celuy qui commandera par terre descendra par les hauts du Canada jusqu’à québec en brûlant et ravageant tout sur son passage, tandis que le général de la flotte après avoir pris Louisbourg en fera autant en montant la Rivière.

Leur dessein par là est d’obliger les peuples à se réfugier dans les villes pour les affamer et les réduire ainsy à se rendre promptement.

Ce dessein seroit fort bon si on les laissoit faire. Il avance contre toute