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« Fort George, N. York, 5 sept. 1756.


« Milords,


« Le jeudi, 22 août, soixante-dix-huit Français neutres sont arrivés à Long Island sur des bateaux. Aussitôt averti de leur présence, j’ai donné ordre de saisir leurs embarcations et de les arrêter tous. Après les avoir interrogés, j’ai découvert que c’était un parti de Français neutres envoyés par Lawrence à la Géorgie ; ils avaient obtenu du gouverneur de cette province des passeports pour se rendre à la Caroline du Sud. Le gouvernement de cet endroit ne se souciant pas de les avoir à charge leur délivra d’autres passeports pour aller plus loin vers le nord ; de là, côtoyant le rivage, ils ont réussi à atteindre Long Island avec l’intention de retourner à la Nouvelle-Écosse. J’ai cru devoir les empêcher de mettre ce projet à exécution et pour cela je les ai fait disperser dans les parties les plus reculées de cette colonie et les plus propres à les faire tenir en tutelle. J’ai demandé en même temps aux magistrats de donner de l’ouvrage à ceux qui sont capables de travailler, et de placer les enfants en apprentissage chez des personnes qui en prendront bien soin. C’est le moyen le plus sûr d’en faire de bons sujets.

« J’ai l’honneur d’être de Vos Seigneuries le très humble et le très obéissant serviteur,

« Chas. Hardy. »


D’autres Acadiens se rendirent jusqu’à Boston où le lieutenant-gouverneur Phips les empêcha de continuer leur voyage.

Dans une lettre datée de Boston, 23 juillet 1756 et adressée au lieutenant-gouverneur Lawrence, Phips dit :

« Je viens d’apprendre que sept bateaux portant quatre-vingt-dix habitants français de la Nouvelle-Écosse, sont arrivés à un port dans le sud de cette province, après avoir longé le rivage depuis la Géorgie ou la Caroline du Sud, où votre gouvernement les avait déportés. Après avoir fait saisir leurs bateaux, je les ai fait arrêter et j’en ai envoyé trois ou quatre à Boston pour y subir un interrogatoire.

« Votre Excellence n’ignore pas sans doute, que nous avons reçu et entretenu ici un très grand nombre de déportés, nombre bien audessus de celui que nous aurions dû recevoir, s’il eut été compris d’en faire une part égale à toutes les provinces. Votre Excellence sait aussi que ce nombre est beaucoup plus élevé que celui qui nous était destiné au début. Malgré cela, je suis absolument convaincu qu’il serait dangereux de les laisser donner suite à leur projet. L’Assemblée législative doit se réunir le 11 août et comme le Conseil a raison de croire qu’elle refusera de pourvoir à l’entretien de ce nouveau contingent de déportés, j’ai été chargé d’écrire à Votre Excellence pour lui demander de