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concernant les Français neutres. Le gouverneur répondit que le Conseil considérait cette mesure dans le moment même et celle-ci après avoir subi sans objection une seconde lecture, fut renvoyée à la Chambre des représentants avec l’approbation du gouverneur.

Le vendredi, 5 mars, le secrétaire du Conseil fut délégué pour annoncer verbalement à la Chambre des représentants que le gouverneur s’était rendu à la chambre du Conseil pour y recevoir la députation et sanctionner le projet de loi concernant le placement des Français neutres. L’orateur accompagné de tous les représentants s’était rendu auprès du gouverneur, il plut à celui-ci de donner la sanction législative au dit bill auquel le grand sceau fut ensuite apposé ; puis celui-ci fut déposé en greffe.

Un autre bill intitulé : « Loi relative à la mise en apprentissage et à l’établissement des habitants de la Nouvelle-Écosse, déportés dans cette province et qui n’ont pas encore atteint l’âge de majorité, ainsi qu’à l’entretien des vieillards, des malades, des infirmes, aux frais de la province, » fut voté et sanctionné par le gouverneur en Conseil le vendredi, 14 janvier 1757. Cette loi fut confirmée par le roi à la cour de Kensington, le 16 juin 1758.

Dans les Colonial Records of Connecticut, vol. 10, p. 245, nous lisons :

« Attendu que, dans l’intérêt public et pour la sécurité des colonies américaines de Sa Majesté, des mesures sont prises pour expulser les habitants français de la Nouvelle-Écosse et les disposer dans d’autres endroits :

« Il est résolu par cette assemblée, que si par suite de la mise à exécution de ce projet, des Acadiens sont envoyés dans cette colonie (voir copie de l’acte à l’appendice C) avec l’espoir d’y être accueillis et secourus, Son Excellence le gouverneur donne des ordres, à leur arrivée, pour qu’ils soient accueillis, secourus et installés dans un endroit ou des endroits de cette colonie, dans les conditions qui paraîtront les plus avantageuses ; ou pour leur renvoi ailleurs, et en ce cas, que des mesures soient prises pour opérer leur translation. »

Cette résolution fut adoptée au mois d’octobre 1755 et c’est le seul endroit connu, où des moyens furent pris pour recevoir les Acadiens chassés de la Nouvelle-Écosse. Les gouvernements des autres provinces se sont plaints de n’avoir pas été prévenus du projet de Lawrence de leur expédier des contingents d’Acadiens.

Cependant, les gouvernements pouvaient difficilement ne pas connaître le projet d’expulsion des Acadiens, car le fragment suivant d’une lettre, datée d’Halifax, 9 août 1755, publiée dans la New York Gazette, le 25 du même mois et dans la Pennsylvania Gazette le 4 septembre 1755, n’a pas dû échapper à leur connaissance.

Le voici :

« Nous formons actuellement le noble et grand projet de chasser de cette province les Français neutres qui ont toujours été nos ennemis secrets et ont encourager nos sauvages à nous couper la gorge.