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les raisons qui nous ont obligés à prendre les mesures adoptées, et j’en joins ici copie à l’usage de vos Seigneuries.

    leur course pour si peu : ces bateaux étaient à destination de tel ou tel port ; Ils s’en iront tout droit à leur terme. Peu importe que les villes vers lesquelles ils font voile n’aient pas été prévenues de l’étrange cargaison que l’on va jeter sur leurs rives ! Chaque capitaine de ces vaisseaux est muni d’une belle circulaire de Lawrence qui explique tout. Devant cette lettre, les portes des provinces s’ouvriront aux réfugiés… Or, ce fut tout autre chose qui arriva en la plupart des endroits. Froissées de n’avoir pas été consultées ni pressenties en une affaire aussi grave, ici les autorités laissèrent souffrir du froid, de la pluie, de la faim, à bord des bateaux déjà accostés, ou sur les quais, les pauvres Acadiens, avant de se décider à les secourir enfin ; là les proscrits durent se rembarquer et être dirigés sur l’Angleterre, — ce fut, par exemple, le cas en Virginie où la Législature refusa l’accès du pays à ces malheureux ; et en New-Hampshire, le gouverneur Benning Wentworth, prié par Shirley de recevoir sa part de ces contingents de misérables, lui répondit un non bien sec. Cf dans les Pensylvania Archives, vol. II, p. 581, une lettre du gouverneur Dinwiddie, gouverneur de la Virginie, au gouverneur de la Pennsylvanie, datée de Williamsbourg, le 21 février 1756 : « Il nous a été envoyé de la Nouvelle-Écosse 1140 neutres qui causent beaucoup d’embarras à la population… Il me paraît bien incertain que la Législature prenne des mesures à leur égard. J’ai raison de me plaindre de la conduite du gouverneur Lawrence qui aurait dû nous avertir de l’arrivée de ces gens afin de nous permettre de prendre des dispositions à ce sujet… » — Et les Arch. Can. (1905.) Généalogie etc., p. VI où cette lettre est reproduite, note : « Il paraît que la Législature de la Virginie refusa de prendre des mesures à l’égard des Acadiens déportés dans cette province puisqu’ils furent rembarqués sur des vaisseaux et transportés en Angleterre,… à Liverpool, à Southampton, à Bristol et à Penryn, et traités comme prisonniers jusqu’au printemps de 1763… » — Quant au New-Hampshire, voici, d’après les Archives de l’État, à Concord, la réponse du conseil et de l’assemblée à des lettres de Phips et de Shirley leur demandant de recevoir des déportés : « … as to Lieut-Gov, Phips and Capt Shirlev’s letters relating to receive into this government a number of the neutral French brought up from Mines and Chinecto, as to which we are of opinion that it would not be for His Majesty’s interest to receive any of said French people into this Government, it being a long frontier and but thinly inhabited and so near the French and Indian settlements that it would be of a dangerous conséquence to this His Majesty’s Province. Portsmouth, Dec. 19th 1755 » . — Provincial Papers. Documents and Records relating to the Province of New-Hampshire from 1749 to 1763, vol. VI. P. 451. —