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tinait ces gens, cela nous a permis de les avoir à bien meilleur marché qu’au taux ordinaire. Les Acadiens se sont jusqu’à présent nourris eux-mêmes ; et leur entretien pendant le voyage jusqu’à leur arrivée à destination se fera à même les provisions qui ont été prises dans les ports français de Chignecto.

« De façon à sauver le plus possible des bestiaux provenant des Acadiens, j’en ai distribué parmi ceux des colons qui sont en mesure de les nourrir pendant l’hiver[1]. Aussitôt que les Français seront partis, je m’efforcerai d’encourager des colons du continent à venir s’établir sur leurs terres, et si j’y réussis, nous serons bientôt capables de nous suffire à nous-mêmes pour les provisions, et j’espère que nous pourrons en temps voulu faire face à la grande dépense du ravitaillement des troupes. C’était là l’un des heureux effets qui, dans ma pensée, devaient résulter de nos luttes pour chasser les Français de l’isthme, et le fait, pour les habitants, d’évacuer le pays[2] est un évènement opportun qui, je m’en flatte, va hâter beaucoup la réalisation de mon plan, en ce qu’il va mettre à notre disposition quantité

  1. Dans le MS. original — fol. 612 —, la citation s’arrête ici, sauf que l’auteur reproduira encore la phrase concernant les abbés Chauvreulx, Lemaire et Daudin ; tout le reste de la lettre, qui dans Akins tient une page compacte, est analysé en à peine un paragraphe. Vu l’importance de cette pièce, nous avons cru devoir la donner en entier.
  2. Lawrence fait ici allusion aux luttes pour la possession de Beauséjour, et quand il ajoute : and the additional circumstance of the Inhabitants évacuating the country, il joue au diplomate et veut laisser entendre que c’est de leur plein gré que les Acadiens s’en vont, et concourent, par un départ si opportun, à la réalisation de son rêve. Cela serait vraiment très fin si ce diplomate improvisé n’avait annulé à l’avance l’effet de cette phrase en avouant brutalement, un peu plus haut dans la même lettre, qu’il s’agissait d’une déportation violente.