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l’autorité compétente, la confiscation de nos biens par l’autorité locale, par le spoliateur, était entachée de nullité ; notre droit à réintégration ou à compensation ne pourrait être douteux. Une telle solution serait embarrassante et onéreuse, mais ce qui ne le serait pas, et nous ne demanderions rien de plus, serait d’affecter une certaine somme à la fondation d’un établissement d’éducation supérieure à l’usage des Acadiens des Provinces Maritimes, ou une dotation aux deux institutions de ce genre qui existent déjà. La lutte pour l’existence est encore bien dure pour ces Acadiens ; dépouillés des riches terres qu’ils possédaient, leurs fils eurent à se faire pêcheurs, caboteurs, artisans ; ceux qui se livrèrent à l’agriculture eurent à le faire sur des terres de qualité très inférieure, et ces deux institutions qu’ils parvinrent à fonder le furent au prix de grands sacrifices. Ce serait réparer, faiblement mais noblement, le passé que de mettre ces deux institutions sur un pied qui rendrait leur rôle plus efficace ; en même temps, ce serait s’attacher par la reconnaissance toute la jeunesse qui profiterait de cette libéralité, toute la population instruite qui dirige, l’opinion. Et, si ce peu était encore trop, nous serions heureux de toute déclaration, de tout acte comportant admission, regret ou réparation des iniquités dont nous avons été l’objet. Est-ce trop espérer ? Les corporations n’ont pas d’âme, dit-on. En serait-il ainsi des gouvernements ?


FIN DU TOME TROISIÈME ET DERNIER

    Mais les très belles idées qu’il y a dans ce chapitre, un peu déparées cependant par des notions vagues ou douteuses, et le grand souffle qui le traverse, en font un des meilleurs de l’ouvrage. Édouard Richard avait l’étoffe du véritable écrivain.