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voie où tout est menaces et dangers. Combien plus sage, rationnel et harmonieux ne doit-il pas paraître de voir une évolution constante, prenant l’homme à la barbarie, et le conduisant graduellement vers mi progrès indéfini qui ne s’arrête nulle part, ou ne s’arrête que pour mieux permettre aux hommes, à travers leurs tâtonnements, d’étudier et de comprendre la route à suivre.

Cette immense poussée qui se fait de nos jours dans la voie du progrès matériel, en aiguisant les appétits pour des jouissances qui avaient été le partage d’un petit nombre de privilégiés, a pu un instant faire perdre de vue les progrès moraux qui doivent être sa base et son objet. La soudaineté de la transformation a pu jeter le trouble dans les idées, le bien n’est jamais ou n’est que rarement séparé du mal. Mais tout mal porte son remède, et si l’on veut se donner la peine de pénétrer le fond des choses, on se convaincra aisément que, sous certains côtés déjà, le progrès social et chrétien n’a été guère inférieur au progrès matériel : le règne de la persécution et de la cruauté est à peu près terminé ; les animosités nationales et religieuses sont en voie de disparaître ; l’homme, au lieu de se repaître de la souffrance de ses semblables, tend visiblement à devenir indulgent et sensible aux maux d’autrui. L’esclavage, qui était l’expression la plus évidente de notre barbarie, vient de disparaître. Tous ces progrès, moraux et sociaux, d’un intérêt incalculable pour l’humanité et la religion, sont, on ne peut en douter, le corollaire des progrès scientifiques, de l’éducation, du progrès matériel. Non ! Si le progrès social et chrétien n’a pas encore donné toute sa mesure, il n’en est pas moins une puissante réalité, il n’en est pas moins le gage que l’harmonie existe dans les progrès, qu’elle existe entre la science et la