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CHAPITRE QUARANTE-CINQUIÈME


CONCLUSION


Pendant qu’ailleurs on fouille l’histoire pour faire revivre les souvenirs d’un passé depuis longtemps disparu, ici, comme il s’agissait d’un crime, ses auteurs ont essayé de les faire oublier en effaçant tout ce qui pouvait nous les rappeler : Beauséjour, Gaspereau, Grand Pré, Beaubassin, noms si harmonieux, si remplis de souvenirs, si familiers il y a un siècle et demi, n’existent plus que pour les amateurs d’histoire et d’antiquités. Pour retrouver où fut le village de Grand Pré, il faudrait des recherches patientes ; bientôt il ne restera plus rien, et les historiens de l’avenir se disputeront au sujet de l’emplacement de ces lieux, comme on se dispute aujourd’hui sur le site de Babylone, de Troie, et de tant d’autres villes de l’antiquité païenne. Mais il n’en sera pas ainsi de l’histoire de ce peuple. Ce chapitre perdu, détruit par des mains coupables, renaîtra ; l’histoire en sera reconstituée par les fragments échappés à la destruction. Le meurtrier n’échappe pas toujours à la peine de son crime, parce qu’il n’en a pas écrit les détails, parcequ’il les a effacés, ou parcequ’il ne l’a pas accompli à la lumière du jour. La justice, tardive quelquefois, parvient presque toujours à découvrir les trames les mieux ourdies, et à amener l’expiation. Cette expiation, malgré des efforts