Que celui dont le cœur n’est pas de pierre ; que celui dont l’esprit peut comprendre les sentiments de ses semblables, pose pour quelques instants ce livre ; qu’il refasse par la pensée le long et douloureux pèlerinage de ces infortunés ; qu’il se les représente prisonniers pendant des semaines à Grand Pré, à Port-Royal, à Beaubassin ; dépouillés de tout, leurs maisons brûlées, jetés à bord des bateaux, séparés de leurs parents et quelquefois de leurs femmes et de leurs enfants ; qu’il les suive à fond de cale dans une atmosphère empestée, ballottés par les flots, repoussés, par les autorités, du lieu de leur destination, dirigés sur l’Angleterre, y demeurant huit années captifs ;
rable dans le nombre des naissances, il faut supposer une mortalité énorme chez les enfants.
Pour en arriver à une évaluation approximative, il faut suivre les exiles dans leurs transmigrations successives jusqu’au lieu de leur établissement définitif. Il n’en resta que peu ou point en Angleterre ; environ 700 en France et au plus 800 aux États-Unis dont plus des deux tiers à Baltimore et une cinquantaine à Chasy dans le Vermout, où après avoir servi dans l’armée pendant la guerre de l’Indépendance, on leur octroya des terres. Le nombre de ceux qui se fixèrent définitivement à la Guyane, à St-Domingue et autres îles des Antilles, est insignifiant. Environ 1 500 allèrent rejoindre dans les Provinces Maritimes les 2 500 qui s’y trouvaient déjà en 1765.
Tenant compte de toutes ces transmigrations, nous en arrivons au résultat suivant :
France |
700 |
États-Unis |
800 |
Provinces Maritimes, Gaspésie, Îles de la Madeleine, Côtes de Terreneuve, St-Pierre et Miquelon |
4 000 |
Louisiane |
2 500 |
Province de Québec |
3 500 |
Autres lieux |
500 |
12 000 |
Rameau porte son évaluation à 11 500. Nous croyons qu’il a fait erreur de 500 en moins pour la Province de Québec. D’autre part, nous pouvons égale-