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il en revint à peine quelques-uns en France ; dix-huit mois après, le reste avait péri.

« Le Comte d’Estaing, alors qu’il était gouverneur d’Hispaniola, dit Smith[1], eût pitié de ce peuple infortuné et l’invita à venir s’établir dans cette île, et affecta à cette fin un district particulier. Un contingent considérable profita de l’offre faite par le Comte ; mais ni eux ni leur bienfaiteur n’avaient tenu compte du danger provenant du passage d’un pays du nord à un climat tropical. Le résultat fut que la peste se déclara parmi eux, même avant qu’ils eussent pu se préparer des habitations. Un grand nombre périt là, et le reste fut forcé d’émigrer vers un autre climat. Leur bienfaiteur, le comte, à la nouvelle de leur effrayante mortalité, alla visiter leur colonie. Il les trouva dans le plus pitoyable état, se réfugiant sous des buissons pour échapper au soleil torride, et se couchant par terre pour mourir. »

Nous pourrions, dit encore Rameau[2], rétablir l’histoire de bon nombre de familles qui furent emmenées de l’Île St-Jean (Prince Édouard) à Louisbourg ; transportées de Louisbourg en Angleterre, d’Angleterre en France, et de France en Guyane en 1764 ; puis, ramenées en France en 1765 après le désastre de Kourou, elles furent déposées à l’île d’Aix d’où elles furent conduites à Rochefort. Après un séjour de quelques années en cet endroit, quelques-unes furent envoyées dans le Limousin, chez M. de Saint-Victor, mais elles y restèrent peu et furent dirigées, en 1772, sur St-

  1. Cf. French Neutrals, par Mrs Williams, Introd. p. 65. Si Smith a vraiment ce passage, il l’a emprunté à Mrs. Williams.
  2. Une Colonie… P. 226 et seq.