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peuple malheureux de rester dans la Province. Le gouverneur de la Nouvelle-Écosse le persécuta haineusement ; mais sa rage se réfréna enfin ; et bien que les instructions portassent qu’ils dussent s’établir par petits groupes dans l’intérieur, cependant ces ordres ne furent plus appliqués avec rigueur ni observés. Quelques-uns des Acadiens sont dispersés le long du rivage et possèdent légalement les terres qu’ils cultivent. L’on insinue même que, dans certains cas, les terres appartiennent à des propriétaires qui ont tacitement approuvé ce qui a été fait, et qui voient avec plaisir que leurs fermes sont bien cultivées, se réservant le droit de les réclamer quelqu’un de ces jours. Un exemple de ceci est déjà arrivé et peut se reproduire. Le gouvernement peut estimer nécessaire de favoriser le plaignant. Les souffrances des Acadiens se perdront dans les bois. Leur voix n’arrivera pas jusqu’au trône. »

Et comme si Brown lui-même avait eu l’intention de rédiger une supplique qu’il désirait faire parvenir au secrétaire d’État, nous trouvons cette note à la suite des remarques ci-haut : « Sire, vos sujets Acadiens ont assez longtemps souffert. Donnez donc un ordre au gouvernement à l’effet de les confirmer dans leurs possessions, et de leur assurer pleins droits sur leurs propriétés ; devenez leur protecteur et faites-le savoir publiquement, et des profondeurs de leurs forêts leurs voix mélodieuses prieront pour vous. » Ceci était écrit en 1791, trente-six ans après la première déportation[1].

  1. Ainsi que nous l’avons noté, ces Observations du Dr . Brown sont du 28 sept. 1764. — L’auteur d’Acadie fait erreur quand il les assigne à l’année 1791.