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penchons vers cette dernière alternative ; car, à cette date du 18 octobre, cela faisait, depuis le 13 août, deux mois et cinq jours, soit beaucoup plus de temps que n’en prenait d’ordinaire une traversée. La lettre précédente de Lawrence était du 18 juillet, en sorte qu’il avait été exactement trois mois sans communiquer avec les Lords du Commerce. Dans des conjonctures aussi graves, son devoir de les tenir informés de tout était pourtant plus pressant ; et l’on ne peut s’empêcher de conclure que son long silence était calculé. Quant à la dépêche du Secrétaire d’État, il peut se faire qu’elle ne soit parvenue à destination qu’avec un sensible retard, dû aux hasards de la navigation à cette époque. Cependant, lorsqu’on a affaire à un roué de la trempe de Lawrence, l’on est bien excusable d’y regarder de près, et de laisser planer un doute sur toutes celles de ses actions où son intérêt était en jeu. En tout état de cause, nous anticiperons quelque peu sur les événements pour examiner dès maintenant toutes les lettres échangées à ce sujet entre Lawrence et les Lords du Commerce.

    Lawrence jusqu’à sa fin. Pour revenir à ce passage de sa lettre du 18 octobre où il annonce que la déportation marche bien et sera bientôt achevée, nous avons un document qui prouve qu’en parlant ainsi, Lawrence était de bonne foi : (ces mots vont sonner étrangement à nos lecteurs, à propos d’un tel personnage !) En effet, le gouverneur avait été mis sous l’impression que les choses marchaient rondement, par une lettre de Winslow, en date de Grand-Pré, 11 octobre 1755 et dans laquelle le colonel lui disait : « Hope the coming week will put an end to our duty here of removing the inhabitants…  » Cf. Journal. Coll. of N. S. H. S. vol. III. P. 169. Se basant là-dessus, Lawrence pouvait donc écrire dans le sens que nous avons vu. La nouvelle qu’il donnait s’est trouvée être fausse, mais il avait des motifs suffisants de la tenir pour exacte. Dans une lettre du 27 octobre 1755, et datée de Fort Édward, Winslow explique longuement à son chef pourquoi ses opérations n’ont pas été aussi rapides qu’il l’avait espéré, à cause du « manque de transports, etc, etc. ; » Cf. Journal, loc. cit. P. 179-80, et Arch. Can. (1905.) Appendices. P. 91-2.