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de pêche ; que ce Robins prétendait avoir obtenu du Roi la promesse d’une concession de terres, sur lesquelles il offrait aux Acadiens de s’établir. Wilmot faisait observer aux Lords que, placés dans cet endroit, les Acadiens pourraient entretenir des relations avec la France, à l’avantage de cette dernière et au détriment des intérêts de Sa Majesté Britannique.

Quand on songe que la paix était signée depuis un an, que la France ne possédait plus rien en Amérique, à l’exception de deux misérables petits îlots sur les côtes de Terreneuve, on se rend compte de la frivolité du prétexte. Mais où les motifs de Wilmot se voient plus clairement, c’est dans sa lettre du 22 mars 1764 :

« … le gouvernement a toujours été, et est encore d’avis que leur établissement dans la province ne peut se concilier avec la sécurité nécessaire à celle-ci ; que s’ils vont s’établir ailleurs, il ne faut pas que ce soit dans les colonies de la Nouvelle-Angleterre, nos voisines ; car, se trouvant à proximité de la Nouvelle-Écosse, ils seraient fortement tentés, à chaque nouvelle occasion, de venir la troubler, à raison de la facilité avec laquelle ils pourraient y revenir, et de l’espoir que leur coopération finirait peut-être par leur en assurer la possession. Quant au Canada, ils n’y seraient pas bien traités et ne s’y trouveraient i^as heureux. Et comme le Canada touche à cette Province, je ne crois pas qu’il soit à notre avantage ni au leur de les y laisser aller… »

Puis il termine par aviser le Gouvernement de l’autoriser à les déporter aux Antilles. « C’est pour toutes ces raisons que dans mes deux dépêches précédentes, je me suis permis de proposer à Vos Excellences de les transporter à quelqu’une des Antilles. Là, séparés du continent, et privés