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qui puisse être mis à la charge de la nation française. Dans leurs colonies, les Français n’ont jamais rien fait qui approche de ceci en cruauté et en atrocité[1]. »

Nous pourrions citer un nombre considérable d’écrivains qui tous ont condamné la déportation. À proprement parler, aucun des historiens ne l’a approuvée entièrement. Parkman est celui qui a été le plus loin dans le sens de l’approbation. Quelques-uns paraissent s’être donné beaucoup de mal pour atténuer les torts des autorités et charger le plus possible les Acadiens. Il n’y a là rien qui puisse surprendre, et nous nous garderions de les accabler de reproches, à cause de cela. Tout au plus pourrions-nous les accuser d’avoir traité le sujet avec trop de légèreté, ou mettre en doute leur perspicacité : à moins, en effet, d’avoir pu découvrir les motifs intéressés de Lawrence et de ses conseillers, il était difficile de ne pas supposer que la déportation avait eu des motifs justifiables à un degré quelconque ; et puisque les historiens dont nous parlons ne surent pas en découvrir les vraies raisons, les conclusions auxquelles ils en sont venues s’expliquent et semblent toutes naturelles. Ces événements ont été racontés surtout par des historiens anglais ; et il est honorable pour eux et consolant pour tous que la plupart d’entre eux aient eu assez de courage et de candeur pour flétrir un acte qui portait une sérieuse atteinte à l’honneur national. Il est consolant pour nous, comme il doit

  1. British Museum. Brown MSS. Add. 19073. Fol. 112. — Can-Fr. Doc. In. II, 141-2. — Pour comprendre cette citation et l’allusion qu’elle fait à Raynal, il est nécessaire de reproduire tout le morceau d’où elle est tirée, et que Brown a intitulé : A private anecdote : ce que nous ferions ici même si cette anecdote n’était donnée plus loin, au chapitre XXXII.