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le danger que feu le gouverneur pouvait avoir quelque raison d’appréhender l’année dernière, est maintenant complètement écarté. Les quelques Acadiens de Ristigouche, que l’on dit ne s’être pas encore soumis conformément aux termes de la capitulation, ne sont pas un obstacle, même s’ils persistaient dans leur erreur ; mais, croyez-m’en, ils se reconnaîtront bientôt et ne seront que trop heureux de nous voir accepter leur soumission. »


C’était presque une rebuffade. Après trois réponses aussi formelles, et toutes dans le sens d’un refus, il semblerait que Belcher et son Conseil eussent dû se désister définitivement de leur projet de déportation. Mais ce n’était pas encore assez. Le 15 avril, dans une longue lettre au même, Belcher énumère de nouveau toutes ses raisons de craindre pour la paix et la tranquillité de la Province, mais, cette fois, il en a une nouvelle, qui devra décider Amherst espère-t-il, à accorder la permission tant désirée : « Outre les raisons que je vous ai déjà exposées, monsieur, et qui prouvaient comme quoi des tentatives étaient à redouter de la part de cette population, il y a encore celle-ci, et qui est de quelque poids, à savoir que, parmi les Acadiens de Ristigouche, il y a beaucoup de ceux qui possédaient autrefois des terres dans le district de Chinecto (Beaubassin), et comme ils n’ont pas perdu tout espoir de les recouvrer, grâce à des renseignements qui leur sont venus de missionnaires et de Français, je crois, à tout le moins, probable qu’ils vont troubler les commencements de ces établissements, auquel cas, la perte de deux ou trois vies répandra une telle terreur, que non-seulement la population de ces districts en sera intimidée et s’enfuira, mais encore