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et n’amenât l’annulation des titres qu’ils s’étaient donnés ou allaient se donner ? Ce risque n’était-il pas considérable, puisque, même avec toutes leurs sages précautions, ces oc-trois furent plus tard réduits de 20,000 à 5,000 par les Lords du commerce ? Il fallait, pour assurer l’avenir, que ce peuple Acadien disparût, qu’il fût dispersé aux quatre coins de la terre, qu’il oubliât sa patrie, sa nationalité, sa langue, sa religion et le souvenir de ce qu’il avait été.

Lawrence et ses conseillers ne furent pas lents à saisir ces dangers, et aussitôt qu’ils eurent vent que 200 Acadiens étaient venus avec des permis pour s’établir dans la Province, il fut résolu qu’ils seraient proscrits de nouveau. Et dès la première communication de Frye, annonçant que ceux du littoral allaient faire leur soumission, Lawrence avisa son conseil de les déporter. « Son Excellence désirerait savoir si le conseil ne serait pas d’avis que l’on nolisât des vaisseaux pour déporter tout ce monde à la fois. »

Et que décide le conseil ?

« Le Conseil, après avoir considéré cette proposition, en est venu à la conclusion qu’une telle mesure était de toute convenance et semblait absolument nécessaire, pour faciliter le repeuplement des terres évacuées, par des personnes venant du continent à cette fin : autrement, ces nouveaux colons courraient le risque d’être empêchés dans leurs progrès par les incursions de ces habitants français ; tandis que, si ceux-ci sont déportés hors de la province, la colonie demeurera en parfaite sécurité[1]. »

  1. N. S. D. P. 313.