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sion à tous les autres. Et quand, au lieu d’une expulsion pure et simple, l’on a opéré une déportation dans les colonies étrangères, semant ces pauvres habitants ça et là, à des endroits distants les uns des autres, sans égard aux liens de famille, alors cet acte prend les proportions d’une monstruosité que la langue humaine est impuissante à qualifier.

« Il y a, dit Philip H. Smith, dans les annales du passé, des exemples d’un pays ravagé en temps de guerre, et là où les habitants étaient trouvés les armes à la main ; mais l’histoire n’offre pas de cas parallèle à celui-ci : jamais une population paisible et désarmée n’a souffert un traitement pareil à celui qu’ont enduré les Français neutres d’Acadie[1]. »

Bancroft, l’éminent historien des États-Unis, a stigmatisé en ces termes la déportation : « Ces infortunés Acadiens n’étaient coupables d’autre crime que de leur attachement à la France. Je doute que les annales humaines présentent un tel exemple de maux infligés avec autant de complaisance, de cruauté et de ténacité[2]. »

John Clark Ridpath, autre historien américain bien connu, lui consacra ces mots : « Le gouverneur Lawrence et l’amiral Boscawen, en conseil avec le juge-en-chef de la province,

  1. Acadia, A lost chapter in American History. Sous la rubrique Expulsion of the French Neutrals , p. 216, — car dans Smith les chapitres ne sont pas chiffrés.
  2. Comme presque toujours, Richard cite à peu près. La première phrase de ce passage n’est pas de Bancroft, si ce n’est quant au sens. Et la deuxième se lit comme suit : «  I know not if the annals of the human race keep the record of sorrows so wantonly inflicted, so bitter and so perennial, as fell upon the French Inhabitants of Acadia. » — (History of the U. S., vol. IV, ch. VII. P. 206.) (Boston, Little, Brown and Co., 1856.)