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que nous avons nous suffit. Cela demande sans doute plus de travail, mais nous arriverons à notre but tout aussi sûrement. La tâche de l’historien, dans les parties obscures de l’histoire, se résout plus facilement par la méditation que par la compulsation rapide de nombreux documents. Au reste, dans le cas présent, nous n’avons que cette alternative. La méditation nous a aidé jusqu’ici à porter de la lumière là où il n’y avait que ténèbres ; elle nous sera, croyons-nous, non moins utile pour débrouiller la partie tout aussi obscure qu’il nous reste encore à aborder.

À l’époque où nous en sommes arrivés, Québec avait capitulé ; la population de ce district avait rendu les armes, prêté serment d’allégeance, et chacun avait été laissé dans l’occupation paisible de son patrimoine. Amherst, écrivant à Lawrence à la date du 4 mars 1760, lui disait : « …entre autres nouvelles apportées par le lieutenant Montrésor, il y a celle-ci que 6, 000 canadiens ont prêté le serment et mis bas les armes ; ils semblent très-contents d’avoir changé de maîtres ; Montrésor a employé plusieurs d’entre eux ; il les a payés ; il dit qu’ils ont fait leur travail bien et gaiement[1]. » C’était ce même traitement qu’espéraient et qu’avaient raison d’espérer les 200 Acadiens porteurs d’un permis signé par Monekton ; c’était ce traitement que devaient espérer également les Acadiens réfugiés sur les côtes du golfe, et qui, malgré les pressantes supplications du commandant français de Boishébert, avaient abandonné celui-ci pour se livrer à la merci de Lawrence. L’occasion

  1. Le MS. orig. — fol. 828 — met 4 mai 1760, tandis que cette lettre est du 4 mars. Cf. Akins. P. 469-70. Elle est écrite de New York. Amherst utilise des renseignements apportés par le lieutenant Montrésor.