Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/323

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de calme, pour écouter, peser et accepter une proposition qui leur enlevait leur dernier espoir humain.

Combien il devait être touchant et sublime de voir ce prêtre, les regards tournés vers le ciel, exhortant ces malheureux à accepter la mort pour donner la vie à leurs bourreaux ! Nous ne pouvons chasser de notre esprit qu’il se trouvait là peut-être des parents chéris de nos ancêtres, dont le sort fût pleuré amèrement pendant de longues années. Oh ! Lawrence ! Lawrence ! Que de larmes tu as fait verser ! Que d’indicibles angoisses tu as fait éprouver[1] !

Ce récit nous montre aussi de quels éléments se composait la clique dont Lawrence s’était entouré. Tel maître, tel serviteur. Celui-ci épie les goûts et les vices de son maître ; il sait que son avancement dépend de son habileté à flatter ses penchants. L’on savait que Lawrence n’était pas accessible à la pitié ; l’on savait, ou l’on se doutait, que cette déportation de tout un peuple cachait un crime dont l’auteur désirait effacer la trace. Qu’importaient alors les représentations de Nichols au sujet du délabrement de son navire ! Il périrait, voilà tout ! Le maître n’en serait que mieux servi.

  1. Dans l’édition anglaise (II. 277) tout ce paragraphe a été omis, si ce n’est les trois dernières phrases.