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« Est-il étonnant qu’après de pareils traitements, ils aient été effrayés de prêter le serment sans réserve qu’il exigeait d’eux avec la rigueur d’un proconsul romain ? Et ce qu’il y a de plus incroyable, c’est qu’après toutes ces intimidations, lorsque ceux d’entre eux qui se décidèrent enfin à prêter ce serment si redoutable à leurs, yeux, se présentèrent devant Lawrence, celui-ci, au lieu de les accueillir avec une extrême précaution et prudence, et de leur assurer la tranquille possession de leurs terres, comme le lui enjoignait Sir Thomas Robinson[1], les repoussa avec hauteur en leur disant « qu’il était trop tard, et que désormais ils seraient traités comme des récusants papistes. »

Était-il même question du serment dans cette dépêche du Secrétaire d’État ? Oui, mais pas dans le sens de faire à Lawrence un devoir de l’imposer, puisqu’après les recommandations que nous avons vues, elle ajoute : « … et d’assurer ceux d’entre eux sur lesquels on peut compter, surtout ceux qui prêteront le serment d’allégeance, qu’ils pourront continuer à demeurer dans la tranquille possession de leurs terres, sous une législation convenable ; » — ce qui équivalait à peu près à dire : « Permettez à ceux qui consen-

  1. Cette incidente est de Richard. — La lettre de Robinson étant du 13 août, et les chinoiseries de Lawrence touchant l’affaire du serment étant de juillet précédent, il est bien évident que ce pauvre gouverneur n’est pas blâmable du tout de n’avoir pas appliqué aux Acadiens des instructions qu’il n’avait pas encore reçues, et que même il n’avait pu prévoir. — La phrase par laquelle la citation de Casgrain se termine est d’un document du 4 juillet 1755, plus d’un mois avant la dépêche de Robinson !  ! Et voilà à quel piteux raisonnement en viennent ceux qui, comme Casgrain et Richard, veulent à tout prix mettre Lawrence eu opposition avec son gouvernement : ils lui reprochent de n’avoir pas tenu compte, en juillet 1755, d’une dépêche datée de Whitehall 13 août 1755, et qui ne dût lui parvenir à Halifax qu’en septembre ou octobre. Cela est puéril et ferait sourire, si la question n’était si grave.