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avait habité la Nouvelle-Écosse, croyons-nous, au temps même de la déportation, et c’était là la raison pour laquelle Brown s’était adressé à lui afin d’en obtenir des éclaircissements sur tel ou tel aspect de cette question. Il nous paraît avoir été animé du même esprit que Brown, et, comme ce dernier, il a jugé sévèrement les actes et les auteurs de ce drame ; et c’est un jugement de même nature qu’ont porté d’ailleurs tous les hommes de cette époque qui ont été en mesure de se faire là-dessus une opinion éclairée et impartiale, ou dont le caractère avait assez d’élévation naturelle pour se mettre au-dessus des préjugés religieux ou nationaux.

Nous avons fourni au lecteur le moyen d’acquérir une connaissance exacte du caractère de Lawrence, en mettant sous ses yeux l’opinion que les citoyens d’Halifax entretenaient à l’égard de ce gouverneur ; ce qui précède nous permet également de nous former une idée du caractère de ce Wilmot, qui, quelques années plus tard, comme gouverneur de la province, devait à son tour faire peser sa tyrannie sur les Acadiens.

Le Cabinet de Londres, qui, ainsi que nous l’avons vu, avait été jeté dans une grande alarme à l’annonce des projets mal déguisés de Lawrence, avait dû accepter le fait accompli et laisser le gouverneur achever son œuvre de proscription. L’extrait suivant d’une lettre des Lords du Commerce à Lawrence, en date du 10 mars 1757, semble être une condamnation de sa conduite, tant au point de vue du caractère odieux et injustifiable d’une mesure aussi barbare qu’à celui des conséquences funestes qui pouvaient en résulter : « Il n’est aucune entreprise, si désespérée et si cruelle qu’on la conçoive, à quoi l’on ne puisse s’attendre