Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/288

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cas particulièrement lamentable. Il s’agissait d’une pauvre femme qu’il trouva très malade et qui manquait des soins les plus indispensables ; mais les règlements s’opposaient à ce qu’elle fut mise en un autre lieu plus propice à son état. Elle avait avec elle trois enfants en bas âge. Afin de tâcher de lui sauver la vie, Hutchinson la fit descendre à terre, contrairement aux ordres et à ses propres risques, et la fit installer dans une maison près des quais, où la pauvre veuve fût traitée charitablement. Mais tant de détresse l’avait brisée et la guérison n’était plus possible. La mort approchait ; juste avant de rendre le dernier soupir, elle supplia son bienfaiteur « d’implorer du gouverneur de l’État, au nom de notre commun Sauveur, qu’il fût permis à ses enfants de demeurer à Boston[1] ».

Enfin, le débarquement fut autorisé, et les proscrits temporairement placés dans des baraques érigées sur la commune de la ville, puis distribués dans les villages et bourgs du Massachusetts.

  1. Voici le texte de la pétition de Hutchinson. (French Neutrals).

    M. A. 23/206.

    To his Excellency William Shirley Esqv, Governor in chief the Hon. the Council and House of Representative of the Province aforesaid.

    The memorial of Thomas Hutchinson humbly shows.

    That upon your memorialist having been repeatedly informed of the distressed state of the french people on board the transports on their first arrivai from Nova Scotia he went down to one of the Vessels where he found divers of them in a perishing state from the hard thing they had endured and among the rest a grave elderly widow who had lain sick above a fortnight without any care taken of her. Your memorialist ordered her ashore into one of his tenements and ordered means for her relief but they were ineffectual and she died in a few days by means of the neglect and hardships aforesaid. Just before she died she begged for the sake of our common Saviour that your memorialist would have some pity on her child-