en assemblée générale et ont résolu de n’envoyer aucune requête, si ce n’est en français. Ils en sont venus, m’a-t-on dit, à cette résolution, parce qu’ils se regardent comme sujets français. »
Ce refus, de la part de Loudun, de considérer leur requête, parce qu’elle était en français, avait pu causer du mécontentement parmi les Acadiens ; mais il est fort probable qu’il ne s’agissait de rien de plus sérieux. Et cependant, sans autre forme de procès, sur la foi du rapport de Pichon, dont Loudun connaissait les antécédents puisqu’il les raconte au ministre William Pitt, les malheureux que nous venons de mentionner furent arrachés à leurs familles déjà si éprouvées, placés à bord de vaisseaux de guerre et exilés de nouveau[1].
- ↑ Tout ce passage demande des éclaircissements : « Pichon, dit l’auteur,
se trouvait alors, croyons-nous, à Philadelphie. » — Nous prions d’abord
le lecteur de consulter, au ch. XVI, de notre tome deuxième, les notes 11 et 12.
L’on y verra que Pichon, fait ostensiblement prisonnier avec le reste de la garnison,
lors de la prise de Beauséjour en 1755, fut conduit à Pisiquid, (Windsor,) puis à Halifax. En 1758, il vint à Londres où il résida jusqu’à sa mort
arrivée en 1781. Aucun document ne mentionne qu’il se soit trouvé à Philadelphie
au moment du passage de Loudun, ni même qu’il y soit jamais venu. Sans
doute, dans la pièce LXXXXdes Documents inédits sur l’Acadie, Canada-Français,
tome II, p. 136-7-8, sous la rubrique : Casual hints from the Letters of Pychon, le traître a écrit ceci ; « Si vous avez lu tout ce que je vous ai
écrit, il y a quelques jours, vous aurez vu que je désire que de l’année prochaine
et au commencement, (il écrit en novembre 1745,) vous pussiez me
faire prisonnier dans le fort même de Beauséjour, pour m’envoyer avec tout ce
que vous me promettez de flatteur pour moi à Philadelphie. Là je ne cesserois
peut-être pas de me rendre utile. »
Et un peu plus loin, dans une lettre « A Monsr Scott », Pichon dit encore :
« … J’ose me flatter que je pourrois servir à quelque chose encore, soit à Philadelphie, que je prefererois, ou dans la Nouvelle-Écosse… » — Cependant, son désir d’aller à Philadelphie continuer son triste rôle de traître et d’espion a-t-il été réalisé ? C’est un passage de la lettre de Lord Loudun à William Pitt,