Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/272

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui s’était montrée si dure à leur égard, s’en était émue, et avait passé un acte pour les recommander aux officiers publics, « afin, y disait-on, de les empêcher de mourir de faim[1]. »

Le traître Pichon, qui, depuis la déportation, résidait à Halifax, se trouvait alors, croyons-nous, de passage à Philadelphie. Avant d’aller jouir à Londres du fruit de sa trahison, il voulût témoigner de l’importance de ses services à un homme de la situation de Lord Loudun. Comme officier français, se disant captif tout comme les Acadiens, et feignant de s’apitoyer sur leur sort, il lui avait été facile de gagner la confiance de ces malheureux, qui avaient soif de consolations, pour les trahir jusqu’à la fin. Le résultat de ses entrevues avec Loudun fut l’arrestation de Charles Le Blanc, Jean-Baptiste Galerne, Philippe Melançon, Paul Bujauld et Jean Landry, « comme étant des individus suspects et mal intentionnés, ayant proféré des paroles menaçantes contre Sa Majesté et ses loyaux sujets ». Nous devons faire remarquer que les Acadiens avaient fait remettre à Lord Loudun, lors de son passage à Philadelphie, un mémoire, écrit en français, où ils exposaient leurs plaintes. « Je le leur ai renvoyé, écrivait Loudun, en leur disant que je ne pouvais recevoir aucun mémoire des sujets de Sa Majesté, si ce n’est en anglais. Sur quoi ils se sont réunis

  1. Un pèlerinage, ibid. Cf. Read, loc. cit., à qui Casgrain emprunte tout ceci, sans l’indiquer. Voici la lettre du Père Hardy à Lord Loudun : « Honored Sir, — I send you the nunmbers of Roman Catholics in this town, and of those whom I visit in this country, Mr. Sneider is not in town to give an account of the Germans, but I have heard him often say that the whole number of Roman Catholics, English, Irish, and Germans, including men, women and children, does not exceed two thousand. I remain, Robert Hardy. »

    « The poor remnant of French Neutrals did not seem worth counting ! »