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une touchante sollicitude et contribua puissamment à alléger leur sort. Plus favorisés que ceux de leurs compatriotes qui avaient été déportés ailleurs, ils eurent également le bonheur de rencontrer dans le Père Hardy un missionnaire compatissant et dévoué qui leur offrit les consolations spirituelles et leur donna le courage de supporter plus patiemment leurs afflictions. « Mais, dit Casgrain, ils étaient devenus semblables à des plantes arrachées du sol ; ils ne pouvaient plus se reprendre à la vie. Plus de la moitié moururent peu de temps après leur arrivée. La nostalgie les tuait autant que la misère ; comme l’exilé antique, ils expiraient en tournant les yeux vers leur patrie[1] : »


et dulcis moriens reminiscitur Argos


Les minutes de l’assemblée de la Pensylvanie contiennent le passage suivant : « Antoine Bénezet, appelé à comparaître devant la chambre, déclare qu’il a visité les Français neutres dans les navires mouillés actuellement au milieu de la rivière, non loin de la ville, et qu’ils les a trouvés dans un grand état de besoin en fait de couvertures, de chemises, de bas et d’autres objets indispensables. Après qu’il se fut retiré, la chambre résolut d’autoriser le dit Bénezet à

  1. Pèlerinage… T. 170. Tout ce qui précède est également emprunté à Casgrain avec des variantes insignifiantes. Le vers est de Virgile, Æneidos, lib, X.. V. 782. « Mourant, il se souvient de sa chère Argos. » Delille a ainsi traduit : … et loin de sa patrie,

    « Songe à sa chère Argos, soupire, et rend la vie, » ce qui, comme simplicité et comme harmonie, est loin de valoir l’original.