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qu’un catholique ne pût se rendre coupable[1] ; Cette poignée de gens inoffensifs, et qui s’étaient montrés tels alors qu’ils tenaient dans leurs mains le sort de l’Acadie, — accablés qu’ils étaient maintenant sous le poids du malheur, sans armes, sans argent, créait un inconcevable malaise, tout comme si la sécurité du pays eût été menacée par leur présence. Il n’en fallait pas davantage pour éteindre dans les cœurs la bienveillance et la pitié, et pour conduire à des actes de cruauté une nation naturellement généreuse et hospitalière. C’est ce qui arriva à Boston, à Philadelphie, et dans la plupart des endroits où le sort jeta les Acadiens.

À Philadelphie, où abordèrent, le 19 novembre, trois navires chargés d’exilés, l’on ordonna aux Acadiens de s’éloigner du port. « Le gouverneur Morris, dit Philip H. Smith[2], tomba dans une grande alarme ; » et le jour même de l’arrivée de ces bateaux, il écrivit au gouverneur Shirley dans les termes que voici :

« Deux vaisseaux sont arrivés ici avec plus de 300 Français neutres de la Nouvelle-Écosse, que le gouverneur Lawrence a envoyés séjourner dans cette Province, et je suis dans un grand embarras pour savoir que faire de ces gens. Étant donné que nous n’avons de force militaire d’aucune sorte, notre population s’inquiète à la pensée de voir un certain nombre d’ennemis répandus à l’intérieur du pays : ces français pourront s’aboucher avec leurs compatriotes et se joindre à eux dans la campagne qu’ils mènent actuellement

  1. Le MS. original — fol. 752 — a ici la phrase suivante qui a été biffée : « Les documents publics les plus sérieux ne désignent jamais autrement les catholiques ou les choses du catholicisme, que par les expressions Papists, Popish, romanists, romish superstitions, etc… »
  2. Op. laud — Au ch. The Acadians in Pennsylvania. P. 228-9-30-1.