Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/251

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE TRENTE-CINQUIÈME[1]


LES ACADIENS EN EXIL


Il nous reste à suivre les Acadiens en exil, à refaire le long pèlerinage de leurs souffrances sur la terre étrangère. Ce chapitre présente encore plus d’obscurités que le précédent. Les plaintes et les angoisses des victimes se perdirent dans le fracas des armes. Pendant huit ans, avec des alternatives de succès et de revers, la France et l’Angleterre combattirent l’une contre l’autre avec un acharnement croissant : celle-ci pour s’assurer la possession définitive de ce continent, théâtre de tant de luttes et de sacrifices ; celle-là pour retenir du moins un lambeau du magnifique domaine qu’elle voyait lui échapper, et se retirer sans trop d’humiliation du conflit dans lequel elle s’était imprudemment engagée.

Jointe aux intenses préjugés qui existaient alors, dans les milieux puritains, contre tout ce qui était catholique et français, cette guerre qui sévit pendant les huit années de la captivité des Acadiens, n’était pas de nature à faire naître la sympathie que méritait leur sort lamentable. La guerre étouffe la pitié ; tout ce qui, de près ou de loin, touche à l’ennemi, devient objet de haine ou de mépris. Ceux qui,

  1. Le MS. original — fol. 471 — porte seulement chapitre. Pour le chiffre et le titre, nous suivons l’édit. anglaise.