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« Au moins, dira-t-on, les affirmations faites par Parkman, à savoir « que les soldats du Massachusetts, auxquels furent offertes les terres évacuées par les Acadiens, ne voulurent pas rester dans la province ; que ces terres ne commencèrent à être occupées que cinq ans plus tard par des familles venant d’Angleterre », doivent être scrupuleusement vraies ? » Loin de là ! La part de vrai qu’il y a là dedans est à l’histoire ce qu’est l’alliage à la monnaie d’or. Nous voyons bien que Lawrence gardait contre leur gré, et malgré les représentations de Winslow et du gouverneur Shirley, les soldats du Massachusetts qui s’étaient enrôlés pour servir pendant un an en Nouvelle-Écosse. Ce délai était expiré ; et cependant, sans égards à la foi des engagements, Lawrence les retenait dans la province. Mais nous ne voyons nulle part qu’il ait proposé à ces soldats de s’établir sur les terres des Acadiens et qu’ils aient refusé son offre. Nous pourrions opposer à l’affirmation de Parkman une certitude morale fondée sur l’expérience intime des voies et moyens par lesquels cet historien procède habituellement. Cependant, en face d’une assertion qu’il ne nous est pas possible de contrôler de façon positive ni de vérifier absolument, nous admettrons le fait, si improbable qu’il nous paraisse. Oui, nous admettrons qu’il avait été offert aux miliciens du Massachusetts de s’établir eu Nouvelle-Écosse. S’ils ne l’ont pas fait, c’est que le mécontentement que Lawrence avait créé parmi eux par ses procédés tyranniques était bien suffisant pour leur faire rejeter une pareille proposition : sous un régime tel que le sien, une telle offre perdait toute sa valeur. Les citoyens d’une province où l’on s’était habitué à se gouverner se fussent fort mal accommodés de son autocratie.