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nous est fort difficile de maîtriser l’indignation que nous inspire Parkman. Ce que celui-ci a accumulé de supercheries et d’inexactitudes en quatre-vingt dix pages dépasse tout ce que le lecteur pourrait s’imaginer. Les assertions qui précèdent vont de pair avec le reste ; sa méthode est toujours la même[1].

Nous[2]ne prétendons pas que l’expulsion ait eu pour motif un désir de la part des colons de la Nouvelle-Angleterre de s’approprier les terres des Acadiens. L’accusation a pu en être portée, mais de façon hypothétique, et rarement. Peu de personnes, même parmi les historiens, ont étudié à fond ce « Chapitre Perdu ». La disparition des documents en faisait une question ténébreuse qui attirait et rebutait à la fois la patience des chercheurs. Le mystère même dont elle était entourée éveillait les soupçons ; à travers les fragments échappés à la destruction, il était aisé de voir qu’un crime avait été commis. Faute d’avoir pu en pénétrer la vraie cause, ces chercheurs ont laissé leurs soupçons errer à l’aventure sur tous les points imaginables. Parkman, avec sa candeur ordinaire, a cru disposer de toute la question et tourner la difficulté en défendant ce qui n’était pas sérieusement attaqué. Choisir dans la masse une simple supposition, une hypothèse rarement énoncée, la

  1. Dans l’édit. angl. II. 216, il y a ici un paragraphe de cinq lignes à quoi rien ne correspond dans le M S. original : « The way Parkman introduces his expression, families of British stock, seems to show that he wanted to convey the impression that these lands were settled by old country people. He can stand well enough an imputation against these, but net against New England people. »
  2. Dans le MS. original — fol. 740 N., nous est souligné d’un trait au crayon renvoyant à la note marginale suivante : « C’est trop personnel. (Parkman) n’est pas censé vous connaître. »