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de 1759 : ceux-ci étaient presque tous des environs de Beauséjour ; ils étaient venus par la rivière St-Jean. Partis dès le printemps, sans provisions et sans munitions, leur marche fut très lente, et devait l’être, puisqu’ils ne pouvaient pourvoir à leur subsistance que par la pêche et le rare gibier qu’ils parvenaient quelquefois à prendre dans les pièges. Enfin, au commencement de l’hiver, ils débouchèrent sur le Saint-Laurent, à Cacouna. Il n’y avait probablement pas une seule famille complète dans ce premier groupe. Mon ancêtre, Joseph Richard, et le vôtre, Michel Richard, étaient du nombre ; le mien se trouvait avec quelques parents de sa femme ; le vôtre, alors âgé de 15 ans, n’avait avec lui qu’une sœur, Félicité, âgée de 10 ans, et son vieux grand-père René Richard[1]. Les noms de Joseph Richard, et de sa femme Madeleine Leblanc, père et mère de notre bisaïeul Michel Richard, n’apparaissent nulle part dans les registres, soit qu’ils aient été déportés en Angleterre, ou qu’ils soient morts dans les colonies anglaises avant la paix de 1763. Je ne vois pas non plus qu’il (Michel Richard) ait été réjoint à St-Grégoire par aucun de ses frères ou sœurs[2].

« Tous ceux qui se fixèrent au Canada entre 1759 et 1763, appartenaient au groupe qui échappa à la déportation. Après le traité de paix, il en vint constamment de tous côtés jusqu’à 1786 : les derniers contingents venaient de France.

  1. Le MS. original — fol. 740, I. — a la note suivante : « Il avait alors 73 ans, et mourût en 1776, à l’âge de 90. »
  2. Le MS. originalid. fol. — porte cette note qui ne figure pas dans l’édit. anglaise : « Un vieil oncle que j’ai auprès de moi avait cinq ans, lorsque mourût son grand-père Michel Richard. Il croit ne rappeler que la mère de ce dernier mourût au temps de l’embarquement, et le père dans les colonies anglaises. Il (Michel) avait un ou deux frères dont on n’eût jamais de nouvelles. »