Les documents ou relations, établissant qu’il y a eu dislocation des familles, sont si nombreux que nous n’avons que l’embarras du choix. Une preuve entr’autres, et des plus frappantes, que cette dislocation a eu lieu, est dans le fait suivant : une foule de proscrits avaient abordé à Saint-Malo, où, s’étant concertés, ils présentèrent au gouvernement français une requête à l’effet d’être transportés à Boston même. Et le motif qu’ils alléguaient pour s’exposer ainsi à de nouvelles persécutions était « l’espérance de rejoindre leurs enfants que les anglais y ont amenés[1] ».
M. le chanoine Louis Richard, Supérieur du Séminaire des Trois-Rivières, en réponse à une demande d’informations précises sur les origines de la colonie acadienne de St-Grégoire et du district des Trois-Rivières, nous écrit comme suit à la date du 2 novembre 1892 :
- ↑ PLAGET
envoyé à Monseigneur le Maréchal de Castries Ministre et Secrétaire d’État de la Marine.
21 février 1784.Monseigneur, — Les Acadiens établis dans ce Département de l’Évêché de Saint-Malo en Bretagne, vous représentent très humblement qu’animés du désir de décharger l’État de la solde que le Roy a bien voulu leur accorder, et en se consacrant aux travaux que chacun d’eux peut embrasser, ils désirent avec ardeur qu’ils soyent fixés pour toujours sous l’hémisphère qui leur a été proposé par le Gouvernement.
L’attachement et la fidélité que cette nation a dans tous les tems témoigné pour son Souverain lui a mérité cette preuve d’estime qu’elle a été mise à choix sur la Louisiannc, le Missisaipi, la Floride Espagnolle ou une contrée du continent de Boston pour y couler le reste de leurs jours.
D’une voix unanime et d’un commun accord, les Accadiens se sont décidés pour Boston, ils acceptent avec la plus vive reconnoissance la proposition qui
en Angleterre (sic pour Nouvelle Angleterre.) » Cf. Appendices, où cette lettre est en entier.