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Babin, qu’il avait eu Tintention d’épouser, avait été emmenée à Québec, alla l’y retrouver et l’épousa[1].

Nous avons vu qu’à Grand-Pré — et la même chose dût se répéter ailleurs, puisque tels étaient les ordres de Lawrence — les hommes et les femmes furent embarqués séparément, un mois avant le départ de la flottille. Haliburton avait écrit qu’ils avaient été déportés tout de suite[2]. Parkman, avec raison, a corrigé cette inexactitude. Mais, d’après ce que nous venons de raconter, il semble évident que ces hommes et jeunes gens furent bien et dûment déportés séparément : comment, en effet, expliquer autrement la séparation des quatre frères Hébert ?

Madame Williams, auteur de The Neutral French or the Exiles of Nova Scotia[3], une compatriote de Parkman, qui écrivait longtemps avant lui, alors qu’à Boston le souvenir de ces événements était encore frais dans les mémoires, a dit au sujet des promesses faites par Winslow de ne pas démembrer les familles : « À quel sophisme le colonel Winslow a-t-il eu recours pour tranquilliser sa conscience au sujet de ce manquement à sa parole, pour ne pas dire cette abomi-

  1. Pèlerinage… ch. X. P, 203-4. Au bas de la page 204, il y a cette note : « Un des descendants d’Étienne Hébert s’est distingué, de nos jours, par son admirable dévouement à la cause de la colonisation. Le premier des établissements qu’il a fondés porte, en souvenir de lui, le nom d’Hébertville. Un autre rejeton de la même famille occupe aujourd’hui le premier rang parmi nos artistes canadiens. Il exécute actuellement, à Paris, toutes les statues qui doivent décorer la façade du Palais Législatif, à Québec. »
  2. «  The préparations having been all completed, the l0th of september was fixed upon as the day of departure. » I, p. 179.
  3. Le MS. original — fol. 740 E. porte : «  French Neutrals ». Nous donnons le titre exact de cet ouvrage, dont nous avons sous les yeux la seconde édition, s. d., publiée à Providence par l’auteur. Le copyright est de 1841.