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ment entassés dans les vaisseaux que nous n’avions même pas de place pour nous coucher… Ceux-là mêmes d’entre nous qui, à cause de leur attachement au Gouvernement de Votre Majesté, avaient souffert le plus de la part des ennemis du roi, ont été également enveloppés dans la même calamité, parmi lesquels René Le Blanc, le notaire déjà mentionné, est un des exemples les plus frappants. Il fut saisi, emprisonné, emmené avec les autres ; et sa famille, composée de vingt enfants et d’environ cent cinquante petits enfants, fut dispersée dans différentes colonies. Lui-même fut débarqué à New-York, débile et malade, n’ayant avec lui que sa femme et deux de ses plus jeunes enfants, d’où il alla en rejoindre trois autres à Philadelphie, où il est mort sans qu’on ait fait plus de cas de lui que d’aucun des autres captifs, sans qu’on ait tenu compte de tout ce qu’il avait fait et souffert pour le service de Votre Majesté[1]. »

Parkman connaissait cette requête ; elle se trouve dans Haliburton et ailleurs. Si tel fut le sort infligé à l’homme le plus considérable de Grand-Pré, qui avait servi le gouvernement avec tant de zèle, que dût-il en être pour les autres ? Nous ajouterons, en ce qui regarde Grand-Pré, un fait qui nous touche personnellement : L’aïeul de notre grand’mère Richard, Honoré Hébert, avait trois frères âgés de dix à vingt ans, lors de ces événements. Tous quatre furent déportés à des endroits différents, et ce ne fut que dix ans plus tard qu’ils purent se réunir dans la paroisse St-Grégoire. Cet épisode est raconté par Casgrain, dans son Pèlerinage

  1. Cf. Haliburton. I, 183 et seqq. Casgrain, Pèlerinage, VIII, 178 et seq. Cf. notre ch, XXX, note 4.