Page:Richard - Acadie, reconstitution d'un chapitre perdu de l'histoire d'Amérique, Tome 3, 1916.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ments et les sympathies des Anglais ? Si nous pouvons en croire Pichon, ce serait grâce à la pression exercée par les 300 sur le commandant français que celui-ci se serait décidé à capituler sans résistance.

Lawrence ajoute que Sa Majesté désapprouva la réserve accordée à Philipps. Nous voyons bien que les Lords du Commerce émirent des doutes sur la signification d’un mot dans la copie française du serment : Philipps maintînt son interprétation, et la réponse mît fin à la discussion. Mais nulle part il n’est marqué que les Lords aient désapprouvé la réserve au sujet de la neutralité. Avec sa mauvaise foi ordinaire, Lawrence nous paraît s’être prévalu de cette discussion sur la valeur d’un mot pour affirmer que Sa Majesté avait désapprouvé la réserve même. Mais cette désapprobation, si tant est qu’elle se soit produite, ne changeait en rien la position des Acadiens, sans une notification formelle à eux adressée. Or, par les documents que nous avons cités, relativement à l’administration de Cornwallis, il appert que jamais avant cette époque, c’est-à-dire 1749-1750, il ne fut question de pareille désapprobation.

Le fait que Lawrence en revient toujours à ces 300, prouve qu’il n’en restait aux accusations vagues que parce qu’il lui était impossible d’apporter d’autres griefs précis. À tout évènement, le cas de ceux qui étaient restés paisiblement sur leurs terres dans la péninsule, à de longues distances des établissements français, devait et doit être considéré séparément. Au reste, si les Acadiens avaient été rebelles, ou enclins à le devenir, à quoi eût servi ce serment sans réserve, étant donné que celui qu’ils avaient prêté les obligeait, tout autant qu’aucun autre, à garder la fidélité ? Et de fait, ce serment était appelé le serment de fidélité.